Après un premier accouchement médicalisé et même un peu trop à mon goût, j’ai décidé que pour ce deuxième accouchement, je prendrais le contrepied du premier. Je souhaitais avant tout garder le contrôle et décider par moi même de ce que je voulais pour cet accouchement. J’ai donc, en premier lieu, cherché un hopital qui permettait d’accouchement de façon plus “physiologique”. Lors de l’inscription dans cet hôpital, j’ai obtenu la liste des sages femmes des environs avec lesquels je pouvais faire la préparation à la naissance et comble de chance, deux d’entre elles m’ont proposé lors de notre conversation un suivi “global” avec un accouchement en plateau technique.
Le plateau technique, kézako ? : il s’agit d’être suivi pendant la grossesse, l’accouchement et les suites de couches par une ou deux sages femmes.
La Poule (référence dans le domaine du conseil maternel 😉 ) a écris quelques articles sur le sujet comme celui-ci , celui là et cet autre, donc inutile de revenir la dessus.
Soyons un peu égoïste et parlons de moi, moi et moi toute seule.
3 jours avant terme, à 4h00 exactement sur mon réveil matin, première contraction, suffisamment douloureuse pour me réveiller. Je referme les yeux pour le cas où.
4h10 seconde contraction douloureuse. Tiens tiens… je décide de me lever.
4h20 troisième contraction : si ca c’est pas de la régularité ! Je me pose sur le ballon pour me soulager un peu pendant les contractions.
A 5h, je me décide à aller réveiller Monsieur pour le prévenir qu’une petite douche ne serait peut être pas inutile.
A 6h, les contractions sont toujours toutes les 10 min, j’appelle la sage femme pour qu’elle vienne à la maison me dire où j’en suis. Elle arrive à 6h30 : premier verdict, je suis à 5. Je vais réveiller Grand Bonhomme et lui explique qu’il doit aller chez nos amis pour la journée pendant que je vais à la maternité. Je suis, même avec le recul, particulièrement étonnée du calme avec lequel il a pris l’annonce… Monsieur le jette en pyjama dans la voiture pour le déposer avant d’aller à la maternité. A 7h la sage femme et moi-même plions bagage pour partir à la maternité. Le temps de se mettre en mouvement et d’y aller, j’arrive en salle de naissance à 7h30.
Pendant ces 3h30, les contractions sont parfaitement gérables, je respire, je souffle, je dandine du popotin et tout va vraiment bien. J’ai le sourire et me sens très zen. Les choses commencent à se compliquer quand la sage femme essaie de me poser une voie veineuse (perfusion) au niveau de l’avant bras : mes veines sont tortueuses et je souffre attrocement. Cela me sort de mon calme et je commence à focaliser sur la douleur. Dans le même temps, les contractions deviennent tellement rapprochées que j’ai l’impression d’un douleur continue.
A 8h, le poche des eaux se perce, je suis pliée en deux et ne sais plus du tout dans quelle position me mettre pour atténuer cette douleur insoutenable. Je me revois hurlant à quatre pattes dans la salle avec la sage femme ne cessant de me dire de ma concentrer sur ma respiration : peine perdue, je suis complètement déboussolée.
En toute honneteté, je suis en panique. Les pensées qui me viennent sont :
“Est ce que j’ai bien fait de choisir le plateau technique?”
“Est ce que ca va durer encore longtemps?”
“Et si le bébé ne supporte pas cet accouchement?”
“Et si je n’y arrivais pas?”
Je crois que j’ai croisé ici la fameuse phase de désespérance… Dès la fin de l’accouchement, j’ai regretté de ne pas avoir réussi, non pas à conserver mon calme mais plutôt de ne pas avoir “su me tenir”. Cette expression représente bien le regard que je porte sur moi : un peu de honte et pas mal de regret quand à mon comportement un peu exhubérant. Le plus dur étant de devoir souffrir le regard de Monsieur sur mon attitude et mon comportement, craignant (à tord ou à raison) de m’être dévalorisé à ses yeux.
A ce moment là, je ne sais absolument pas quelle position choisir, je suis réellement perdue et je sens que “ca pousse”. Entendez par là que le bébé appuie sur mon sphincter.
Je décide de m’allonger pour pousser. Oubliant toutes les méthodes de souffle tranquille, je décide de pousser très fort (je vous rappelle que je suis en panique !) et en 2 poussées, Petit Bonhomme est sorti. J’ai senti la douleur du passage, ainsi que la déchirure mais l’important était pour moi de sortir ce bébé.
A ce moment précis, Petit Bonhomme ne bouge pas, ne crie pas… Grosse panique pour nous. La sage femme coupe le cordon et dans la foulée, Petit Bonhomme ouvre les yeux (et accessoirement me fait caca dessus). Ouf, tout va mieux…
Il aurait fallut 4h45.
Après tout ca, j’ai mis un peu de temps à évacuer le placenta mais heureusement pour moi, il était complet. J’ai par contre du être recousue car la déchirure, que j’avais fichtrement bien sentie, était presque complète (c’est à dire jusqu’à l’anus). Avec quelques piqures d’anesthésique locales, j’ai été recousu par le médecin de l’hopital et, comment dire, ca douillait grave. Je crois que j’ai juré plus que de raison mais bordel, ce que j’ai eu mal.
Après 5h en salle de naissance afin de s’assurer que je ne fais pas d’hémorragie, j’ai le droit de rentrer chez moi, retrouver mon Grand Bonhomme et lui présenter son petit frère. Mes parents sont là pour m’assister et me permettre de rester couchée au repos. Trop cool !
Si je devais “comparer” les deux accouchements, sans être vraiment persuadée que cela puisse se comparer, je dirai que la Maternité apporte la sécurité de l’encadrement constant mais impose un cadre peu flexible surtout pour un deuxième ou un troisième enfant. En comparaison, le suivi global propose une personnalisation plus poussée. J’ai toutefois regrettée que ma sage femme ne m’apporte pas plus de conseil quant à la progression de mon accouchement, et notamment pour la traversée de la phase de désespérance. Le fait d’être “seule” nécessite d’avoir confiance en soi et en sa capacité universelle et immuable de femme à donner la vie, ce qui n’est finalement, plus du tout naturel aujourd’hui…
Par ailleurs, il est certain que la maternité et/ou la sage femme qui vous assiste joue un rôle important dans le déroulement de l’accouchement lui même, selon ses compétences, ses qualifications et son regard sur l’accouchement physiologique.
J’ai conscience d’avoir réellement eu mal pendant l’expulsion du bébé et pendant la déchirure mais je ne regrette nullement cette phase en comparaison avec l’absence complète de sensibilité de l’accouchement sous péridurale. Ayant vécu les deux extrêmes, je reste persuadée qu’il est possible qu’une péridurale soit moins fortement dosée et permette de ressentir un minimum la sortie du bébé. Cependant la pose de péridurale impose une surveillance d’au moins 24h, ce que je voudrais éviter.
Parmi les éléments pour lesquels je ne sais pas si les conditions d’accouchement ont eu un effet quelconque (compliquée, cette phrase !), j’ai noté que mon premier accouchement a été suivi de 6 à 8 semaines de lochies ainsi que d’un endormissement complet de mon périnée (fuite urinaire, plusieurs minutes pour relacher le périnée et déclancher un jet d’urine, séance supplémentaire de rééducation périnéale,…) possiblement dû à l’épisiotomie, alors que mon second accouchement a, malgré la déchirure, conservé toute sa motricité à mon périnée (aucune fuite urinaire, aucune difficulté pour uriner,…) et ne m’a donné qu’une semaine de lochies.
Enfin, le retour à la maison quelques heures après l’accouchement est LE pompon qui me motive à recommencer. J’ai adoré retourner dans mon cocon aussi vite que possible, avec fleurs, petits plats de Môman et repos sur le balcon au soleil… et j’espère bien recommencer !