Je n’avais jamais pensé que cela pouvait déraper. Je ne me cache pas derrière ma main, je me connais, mais je n’avais pas réalisé que mes quelques mots pouvaient entrainer autant d’émotions chez autrui et, finalement autant d’émotions chez moi.
En étant honnête, je dirai que cela devait finir par arriver. Ça arrive tout le temps.
Il y a les fois où je fais des compliments à des gens, juste parce que je le pense et qui pensent que je les draguent.
Il y a les fois où je pose des questions, avec ma voix normale, à des gens qui pensent que je les engueule.
Il y a les fois où je crois être à ma place et où je découvre après coup qu’on se serait bien passé de moi.
Je suis souvent décalage, c’est comme çà, c’est toute ma vie.
Ce qui pose problème c’est la différence entre ce que je suis, ce que je montre de moi et la façon dont les autres me perçoivent.
Si je prenais la place de ma collègue, je dirai que je suis une fille constante, sérieuse, toujours souriante et pleine d’énergie. Je suis cependant envahissante, probablement bruyante et bavarde. Parfois, ça pose problème et lorsqu’on me demande de m’effacer, je me sens particulièrement mal. Mes nouveaux collègues ne m’impose pas ces contraintes et je me sens bien.
Ce que les autres ne perçoivent pas, c’est ma capacité à améliorer les relations entre les gens, à servir de trait d’union dans une équipe, à raccorder au groupe les éléments satellites. Je le sais d’expérience, je le vois dans toutes les équipes où je suis passée, je construis du lien.
Si je prenais la place d’une amie, je dirai que je suis une fille agréable, sincère, honnête et fiable. Je ne juge pas et apporte du soutien dès que nécessaire. Je ne rate jamais d’anniversaire et essaie d’avoir une attention pour chacun. Pourtant, je ne suis la « meilleure amie » de personne.
Ce que les autres ne perçoivent pas, c’est ma capacité à « sentir » les gens. Lorsque je rencontre quelqu’un, je sais si le feeling passe, je suis à même d’affirmer si la personne en question deviendra mon amie, et si c’est une personne de confiance. C’est comme ça et je me trompe très rarement. Les autres ne savent pas à non plus à quel point leur amitié m’est précieuse et que je tremble d’être laissée.
Si je prenais la place d’une rencontre, je dirai que je suis une fille souriante, mais avec une voix tellement dure qu’on a souvent l’impression d’être agressé, avec un rire si bruyant qu’on voudrait la faire taire.
Ce que les autres ne perçoivent pas, c’est que je ne supporte pas cette image là, que je fais juste beaucoup d’humour pour essayer d’être appréciée, que je déteste même l’idée de blesser les gens (sauf peut être ceux qui m’ont vraiment pris la tête, et encore…).
Je suis la fille qui va faire demi-tour pour rattraper la voiture de l’inconnu qui lui a demandé son chemin, juste parce qu’elle s’est trompée et qu’elle vient d’y penser.
Je suis la fille à qui toutes les mamans demandent les devoirs.
Je suis la fille qui avance sur la pointe des pieds quand elle rencontre quelqu’un parce qu’elle l’impression d’être de trop partout et qu’elle n’a de légitimité nulle part, sauf avec les amis proches, qui se comptent sur les doigts d’une main.
Mardi, mes mots étaient probablement mal choisis. Dire que tout ce qui s’en est suivi m’a pris la tête est en dessous de la réalité. La différence, c’est qu’en face à face, il est facile de percevoir la réaction de l’autre, de s’arrêter, de s’expliquer, de se comprendre. Sur le blog, ça n’est pas possible. Je suis la maladresse incarnée. C’est comme çà, je croyais m’y être fait. Et en fait non.
Maintenant que je sais l’effet que ça fait, je vais faire attention.