Il y a quelques temps, je vous ai parlé de la Discipline Positive et de ce que j’avais mis en place pour progresser en ce sens (Réunion de famille, Temps de rapprochement,…) et j’étais persuadée- mais vraiment persuadée – que je vous avais parlé des tâches ménagères. Et puis en fait, je ne retrouve pas l’article alors je m’y colle.
Au tout début de notre vie à deux, à Monsieur, fils unique à sa Môman-mère-au-foyer-qui-faisait-tout, et moi-même, psychorigide du contrôle absolu et fille d’une Maman qui faisait tout, la répartition des tâches s’est faite d’elle-même et dans une entente parfaite : je faisais tout, il ne faisait rien. – Note à moi-même : Je crois que c’est là que j’ai merdé. – C’était il y a 12 ans, autant dire une éternité.
Grand Bonhomme est arrivé et l’air de rien, j’ai continué à tout prendre en charge. D’autant que cette période a coïncidé avec une zone de travail intense pour Monsieur, qui sautait de job en job comme sur un trampoline pour aller plus haut (allez plus haut, se rapprocher de l’avenir. Bref)
Petit Bonhomme s’est pointé juste derrière et c’est à peu près à ce moment-là que j’ai commencé à en avoir un peu marre et à vouloir partager (un peu?) les tâches. Mais le mal était fait et des habitudes de 6 ans ne s’effacent pas d’un revers de manche.
Je pense d’ailleurs, pour en avoir discuté avec des copines, que nombreux sont les couples qui dévient sur cette tendance sans jamais remettre les pendules à l’heure. Ce qui devient un des points de conflit passé sous silence pour ne pas avoir l’air de râler tout le temps… Mais sortons de cette aparté.
Quand le Dernier est arrivé et que j’ai pris un congé parental, il m’a semblé normal (si si j’insiste) que, n’ayant que cela à faire, j’utilise mon temps en journée pour réaliser toutes les tâches ménagères de la maison. Je n’ai donc rien demandé à qui que ce soit car il me semblait bien naturel de faire “ma part du contrat”.
C’est pourquoi, lors de ma reprise d’activité, j’ai tout aussi naturellement remis le sujet sur la table pour établir ce qui devait être, à l’évidence, un semblant d’équité dans mon couple et dans ma famille.
Pour faire concret, je n’ai pas râlé à chaque fois que le lave-vaisselle n’était pas vidé (alors que ca ne prend que 3 min !! ), je n’ai pas appliqué la consigne du “tu n’as qu’à me dire ce que je dois faire !”, j’ai fait une liste. Oui, une liste : La liste immense et exhaustive de tout ce qu’il y a à faire à la maison. Des poubelles à descendre au balai qu’on passe après chaque repas, de la lessive à lancer tous les jours aux fenêtres qu’on ne lave que tous les mois. Et croyez-moi, c’était long.
Une fois cette liste faite, je l’ai soumise lors d’une réunion de famille, pour expliquer à tout le monde mon problème : je ne voyais pas du tout au nom de quoi je devrais faire 100% des tâches alors même que nous étions 5 à la maison. Bon ok, 4 car le petit n’a pas grand-chose à faire. Avoir la liste sous les yeux a rendu les choses beaucoup plus concrètes pour tout le monde d’autant que les enfants ne se rendent absolument pas compte de tout ce qu’on fait pour eux.
Dans cette liste, j’ai considéré – je suis mansuétude – qu’il fallait tenir compte de l’âge des participants et du temps de présence de chacun à la maison (car Monsieur rentre effectivement plus tard à la maison et rapporte également du travail).
J’ai donc demandé à Grand Bonhomme (7 ans) de prendre deux tâches hebdomadaires à sa charge – Petit Bonhomme (5 ans) une tache hebdomadaire et Monsieur, de prendre plusieurs choses hebdomadaires et mensuels, n’importe quoi, parce que “Merde, faut pas déconner !!”
Il a fallu plusieurs semaines pendant lesquels ils ont changé d’avis, trouvait leur tâche trop difficile, trop longue, voulait en tester une autre, … et maintenant, ils se sont fixés. Entre temps, j’ai aussi réussi à trouver une femme de ménage qui prend donc une partie des tâches à sa charge, ce qui me soulage grandement.
Au final, Grand Bonhomme a donc choisi (et c’est bien dans “choisi” que réside le pivot de cette entente) le tri du linge propre et vider le lave-vaisselle le mercredi. Petit Bonhomme a choisi le nettoyage des portes du couloir (parce que mes enfants courent dans le couloir avec les mains pleines de chocolat ! ) et d’aider son frère à trier le linge propre. Le Dernier, lui, fait ce qu’il peut.
Monsieur s’occupe désormais des repas du dimanche, du rangement et nettoyage de la cuisine après petit-déjeuner tous les jours et des courses toutes les semaines.
Pour ma part, je prends en charge toute l’intendance du soir (repas et rangement) et tout le traitement du linge (hormis le fameux tri de linge propre mais ça, je vous reparlerai dès que possible).
Ca parait très rigide comme cela mais cela nous a permis de définir un cadre où chacun peut bouger, tout en me permettant de souffler un peu. J’ai enfin le sentiment que les choses se font comme elles le devraient.
Bien entendu, cette répartition est susceptible de changer dès lors qu’un participant le demande.
Enfin, lorsque l’un de membres décrète qu’il ne fera pas sa tâche au prétexte que, je cite, “j’ai pas envie”, je fais, moi-aussi grève parce que, à bien y réfléchir, moi non plus je n’ai pas très envie de faire à manger tous les soirs… Ce qui signifie, pas de repas. En général, vers 20h, bizarrement, la motivation revient !
Voilà, je voulais vous expliquer notre façon de faire. Evidemment certain(e)s me diront que les choses ne devraient pas être aussi rigoureuses, que chacun fait le travail à faire quand il l’a devant lui. Mais ca n’a jamais fonctionné comme cela chez nous. Voilà pourquoi avant que les choses ne deviennent naturelles, il faut les inscrire dans le marbre. La plupart de nos reflexes sont de vieilles habitudes.
Et cette implication de chacun dans la vie quotidienne est à mes yeux d’une importance cruciale. De par l’image que je renvoie à mon entourage et mes enfants, et de l’image de la vie à deux qu’elle leur donne.
Je mène à mon échelle, une révolution lente et précieuse, qui conduira les femmes de demain à gagner en liberté et en pouvoir. Pour se faire, elles auront à leur coté des hommes respectueux de l’espace de chacun, comprenant la nécessité de fonctionner ensemble sur un même pied d’égalité, dégourdis et capables d’assumer aussi bien qu’une femme les tâches quotidiennes : mes garçons.