Notez la cohérence des titres… c’est affligeant.
Samedi soir : mes Bonshommes sont en vacances chez leurs grands parents. Nous avons profité de quelques jours à deux pour aller au cinéma (2 fois!!) et faire quelques emplêtes pour la chambre du Dernier.
19h45 : je pianote sur l’ordinateur. Tiens, une contraction. En même temps, ca n’est pas la première : à chaque séance de ciné, j’ai eu des contractions légères…
20h : recontraction. Mais un peu douloureuse. Et dans les reins. Ah ah??
20h10 : encore? ENCORE ! Je ne saurais dire pourquoi mais là, je sais que c’est parti. Adieu repas et petits gateaux achetés pour le dessert… ca attendra demain.
20h20 : idem et je commence à avoir peur. C’est fou cette angoisse qui monte d’un coup. Et si finalement, mon idée d’accouchement sans péridurale était une mauvaise idée. J’y ai repensé plusieurs fois depuis quelques jours. Je me rappelle de la douleur, de la panique, de la peur de l’échec… mais il n’est plus temps, on verra plus tard.
Les contractions ne sont pas régulières, toujours dans les reins, mais toutes les 10min environ.
22h30 : départ pour l’hopital. Je sais que j’ai encore du temps mais j’ai peur que tout s’accélère brutalement et d’être prise au dépourvu.
22h45 : arrivée aux urgences maternité. 5 min d’attente avant de voir une infirmière (Faut pas être pressée !).
– oui?
– J’ai des contractions depuis 2h30, je pense que je vais accoucher.
– Je finis avec la dame et je suis à vous.
Faut vraiment pas être pressée !! Même si visiblement, je n’ai pas l’air en train de pousser, je trouve qu’elle ne s’inquiète pas beaucoup de mon cas, de mon nom ou même de la fréquence de mes contractions. Celle là, je ne l’aime pas. Passons.
23h : je suis prise en charge par la même infirmière qui me conduit dans une salle de consultation pour être vue par une sage femme.
23h15 : je vois débarquer un jeune homme, tout sympa, tout gentil : “Bonsoir, je suis F. sage femme”. Cool.
– Bonsoir, je suis Nashii, je viens pour accoucher. Sourire.
Après examen, je suis à 4. Je suis à la fois rassurée car le travail a commencé mais toujours aussi angoissée. Il me conduit en salle de naissance et nous propose de reparler du projet de naissance après qu’il ait lu notre dossier. En attendant, on patiente.
Là, c’est le retour de mon infirmière préférée.
– alors on va poser la voie veineuse et vous allez prendre ce Zantax.
– euh, non. En fait, j’ai dit que je ne voulais pas de voie veineuse et je ne veux pas prendre de médicaments sans raison.
– mais c’est comme ca (OH PUTAIN : LA REPONSE QUI TUE !!), on en donne à toutes les femmes qui viennent. C’est le protocole (RE-PUTAIN DE REPONSE !!)
– Ben non, c’est pas une raison. Toi, vraiment je ne vais pas t’aimer….
Le regard de l’infirmière qui part laisse voir qu’elle, non plus, ne m’aime pas beaucoup.
Histoire qu’on ne me prenne pas la tête, je balance le dit médicament à l’évier. Monsieur rigole, il me connait bien.
F. revient m’expliquer que c’est pour le cas où j’irais au bloc, pour éviter les reflux. Le message a du être transmis à l’équipe indiquant que j’étais une chieuse de première. Tant pis. F. est vraiment super gentil et a l’air de passer au dessus de tout cela.
Nous reparlons de notre projet de naissance, des positions d’accouchement et du départ anticipé. Le tout est validé dans la mesure où les demandes sont raisonnables (J’adore ce terme) avec autorisation de sortie à H+6h si tout va bien. Et il repart. Il est environ 23h30. Je compare aux autres accouchements et me dit que maintenant, les choses devraient s’accélèrer.
2h plus tard (OUI, tu lis bien !), les contractions sont toujours toutes les 10 min environ, pas régulières, pas si douloureuses que ca. Monsieur et moi rigolons encore mais ca commence à faire long.
2h plus tard (OUI, tu hallucines!), les choses sont au point mort. Monsieur s’est endormi dans le fauteuil, à peine réveillé par mes respirations bruyantes pour passer la douleur dans les reins et encore moins par les aller retour de F. qui me demande régulièrement comment ca avance. Un monitoring de 30 min confirme que P’tit Dernier va bien.
2h plus tard (OUI, toi aussi, tu te demandes quand ca va finir?!?), il est donc 5H30. F me propose un nouvel examen pour voir si le travail avance. Verdict : je suis à 5. Bordel de merde !!! 1 cm en 7h. Je vais mourir dans la minute, il ne peut pas en être autrement. Je viens de passer une nuit blanche à contracter, je suis fatiguée, angoissée, stressée, nerveuse, et je ne suis qu’à 5! F. me propose alors de percer la poche des eaux pour accélerer le travail. J’accepte pour en voir la fin.
5h30: poche des eaux percée, les contractions s’accélèrent instantanément (La Nature est drôlement bien faite!) pour passer à toutes les 5 min. Et franchement douloureuses. Je m’installe à genou sur la table de travail face au dossier relevé que j’aggripe, je repense à La Poule (même dans ces moments là !!) qui me conseillait cette position pour soulager les reins. Les contractions sont tellement fortes que je commence à gémir. Monsieur tente de me masser un peu mais le contact est pire que tout. Je lui demande de me donner les mains pour me tenir. Je ne regarde plus rien, je suis dans ma bulle. J’entends F. qui m’explique ce qu’il fait mais je ne réponds plus. Je me souviens qu’il m’a demandé si la position m’allait et j’ai répondu “Je ne sais pas.” C’est vrai : comment savoir qu’une position est pire qu’une autre puisqu’on a mal tout le temps !
Les choses vont de plus en plus vite. La douleur est vraiment très forte et je me revois accouchant de Petit Bonhomme. Je prends sur moi et la panique passe. J’arrive à me concentrer sur mes sensations même si elles ne sont que douleur. Je sens l’envie de pousser et me rassure en pensant que c’est bientôt la fin.
F. est prêt à recevoir le bébé. Je pousse en criant. Monsieur est un champion, il me tient les mains comme un chef. Je suis toujours dans ma bulle, les yeux fermés appuyée sur mon dossier mais j’entends et je sens que des gens entrent dans la pièce. Mes cris ont du alerter tout le personnel. Tant pis. Après plusieurs poussées, je sens vraiment le bébé descendre et passer, mais les choses ne vont vraiment pas vite. F.m’encourage, me guide et m’annonce qu’il reste encore 2 ou 3 poussées. TOUT CA !! Je suis vidée, j’ai l’impression que ca n’en finira jamais. Mon épuisement doit se ressentir car j’entends des voix autour de moi qui m’encouragent. Une dame me dit “Vous vous en sortez super bien!”, une autre “Continuez comme ca, c’est génial!”… Je ne sais pas qui c’est, mais ca fait du bien.
Encore une poussée pour les épaules et c’est fini. Il est 7h00. F. glisse Petit Dernier entre mes jambes pour que je l’attrape. Je ressens une émotion encore plus grande que pour mes deux premiers. Peut être la fatigue, l’état nerveux, je ne sais pas mais c’est énorme. Je vais mettre plusieurs minutes à m’en remettre et à sortir de mon cocon pour constater que tout le monde est parti et qu’il ne reste que F. et l’infirmière dans la pièce. Petit Der est emballé dans un lange chaud et je le sers contre moi. F. attends un peu pour clamper le cordon mais il doit faire des prélèvements pour les examens de toxo, donc on n’attendra pas jusqu’à ce que le cordon ait complètement cessé de battre. Le placenta sort très vite et bien. Tout est terminé. J’ai l’impression d’avoir encore grandi.
Evidemment, j’ai quand même une déchirure qui nécessite quelques beaux points mais l’anésthésie locale est bien faite, j’ai un peu mal mais en serrant les dents, ca ira.
A H+6h, aucun saignement, aucun problème de tension, rien ne viendra interrompre notre sortie.
A 15h, Monsieur, Petit Der et moi dormons comme de vraies marmottes, sur notre canapé. C’est bon d’être la maison.