J’habite à deux pas de l’école. Ca n’est pas une image, c’est la vérité. Pour y aller, j’ai juste à traverser une rue piétonne.
Et la plupart du temps, les Bonshommes sont heureux d’y aller. Depuis qu’ils sont petits et comme tous les parents, je leur présente l’école comme un lieu merveilleux où on apprend des tonnes de trucs. Un lieu idyllique et génial. Parce que nous, nos petits européens, il faut les convaincre d’aller à l’école. Tout cela est aussi facile d’accès et aussi obligatoire qu’il en devient rasoir pour tous ces enfants peu intéressés ou qui décrochent avec le temps.
Pourtant, ailleurs dans le monde, l’école, l’éducation, ne sont pas des évidences. Pour certains, elles ne sont qu’un doux rêve pour lequel il faut se battre.
Ces enfants, ces parcours, sont présentés dans le merveilleux documentaire de Pascal Plisson : Sur le chemin de l’école.
Ce film présente le chemin, le vrai chemin, que parcourent 4 enfants à travers le monde, tout simplement pour rejoindre leur école. Entre Jackson qui traverse la brousse, avec sa petite sœur, en courant pendant 2 heures pour couvrir les 15 km qui les séparent de son école, et Samuel, handicapé, que ses frères (débordant d’amour ses frères !) poussent dans son fauteuil roulant, tout branlant, sur les 1,5 km de chemin tortueux jusqu’à l’école… je n’ai pas pu m’empêcher d’être touché en plein.
Que vous dire de Zahira, qui traverse pendant 4h, à pied, les montagnes de l’Atlas, alternant marche et auto-stop, à la merci (c’est ainsi que je l’ai perçu) des gens qu’elle rencontre. Je suis d’autant plus touché que c’est une petite fille. Pour être transparente, je me suis revue à 11 ans, c’est à dire en 6ième, parcourant le malheureux kilomètre entre mon école et le bureau de ma maman. Un tout petit kilomètre et pourtant on m’avait rebattu les oreilles à coup de “attention aux étrangers”, “attention aux voitures qui s’arrêtent”, “fait attention que personne ne te suive”.
Aujourd’hui, les enfants rentrent du collègue en bus (de ville ou ramassage scolaire), et je ne connais pas de maman autour de moi, qui ne soit pas un minimum inquiète de ce trajet. La plupart ont d’ailleurs muni leur enfant d’un portable. Au cas où. Qui, aujourd’hui, dans notre monde moderne, envisagerait de laisser son fils marcher seul (sans portable, hein!) pendant 15 km à travers la brousse sur un chemin changeant jour après jour en fonction du passage des animaux? Certainement pas moi.
Ils mettent tous les jours leur vie en danger pour accéder à ce qui lasse tant (trop !) d’enfant chez nous : l’instruction. Dans l’espoir qu’elle changera dans leur vie.
En sortant, je n’avais qu’une envie : présenter ce film à mes enfants pour qu’à leur tour, tout au moins pour le plus grand, ils prennent une fois encore conscience de la chance qu’ils ont. Et si cela peut être une découverte pour les enfants, c’est aussi une très belle leçon de vie pour les parents.