Avant toute chose, il faut avoir lu le début et le milieu de l’histoire…

Au comble de mon questionnement, j’ai un migraine carabinée tous les jours. A force de cogiter probablement.

Le jour où je vais chercher les résultats de mes analyses est un jour particulier.

Après avoir appelé le centre IVG à coté de chez moi, ils me renvoient vers un médecin généraliste en ville, qui peut me proposer une interruption médicamenteuse. J’appelle immédiatement et prend rendez vous pour le soir même car j’approche du délai légal.

Voilà, c’est décidé.

Toute la journée, je ne fais qu’y penser. En plus, c’est un mercredi que je passe avec mes enfants. Je joue avec eux.

A nouveau je me dis : « Un de plus, ce serait bien mais finalement, je n’aurais plus autant de temps pour eux. Comment faire pour leur proposer le foot, le dessin, la musique et tout ce que je veux leur donner, si je ne peux pas suivre pas manque de temps et d’argent. »

Monsieur m’appelle, comme tous les jours, pour prendre des nouvelles. Je lui dis que j’ai rendez vous le soir même. C’est difficile de parler devant les enfants. En plus, il est au travail. Qu’importe, il rappelle plusieurs fois. Finalement, nous n’avons jamais autant délivré nos pensées qu’au moment où une décision s’impose. Voyant à quel point la situation me travaille, il convient de que nous finirons par nous en sortir et qu’il préfère avoir ce bébé que de me savoir malheureuse. Néanmoins j’ai conscience que s’il dit oui, c’est uniquement pour moi et pas pour ce bébé. Ne sachant pas ce que la vie me réserve, je devine que si des tensions survenaient un jour, il ne manquerait pas de me rappeler que tout cela « c’était pour toi ».

Nous parlons et passons presque 2h au téléphone.

Au moment  où nous raccrochons, mon rendez vous est passé. Je rappelle et reporte le rendez vous au lendemain.

A partir de ce moment et pour une raison que j’ignore, je ne pleurerai plus. Plus du tout. J’ai toujours des tensions, qui se traduisent physiquement (insomnies, douleurs dorsales, migraines, difficultés à respirer correctement) et moralement mais plus de larmes. Rien. Je peux en parler librement. J’arrive même à sourire. Ce qui me laisse penser, à tord ou à raison, que quelque soit ma décision, je m’en « remettrai ».

Je rappelle également ma mère pour savoir si son avis changerait en me sachant déjà enceinte. Sa première réflexion est de me dire : « Puisqu’il est là, garde le! ». Mais constatant également toutes mes angoisses, elle me confirme également que 3 enfants, ca rend le quotidien, les sorties et les vacances beaucoup moins faciles. Déjà que 2…

Bref, dans ma tête se forge l’idée que cet enfant, je ne suis plus à même de l’assumer. Il m’est impossible d’envisager de lui faire porter le poids de mon erreur et de mes difficultés, quelles qu’elles soient. De lui reprocher un jour de n’avoir pas pu prendre du temps pour moi, pour ses frères, pour mon couple. Je vous rappelle que Monsieur et moi avons eu de nombreux passages à vide… faut il tenter le diable et risquer de tout briser?

Lorsque Monsieur rentre, il est comme moi, oscillant entre deux extrêmes : « On le garde » ou « On arrête tout ». Dans le premier cas, on échafaude ce qu’il serait possible de faire, ou pas… Dans le deuxième cas, il m’interdit de faire un avortement médicamenteux, un peu hasardeux à ce terme (risque hémorragique, expulsion douloureuse,…). En effet, il est inutile de charger la barque, et de cumuler douleur émotionnelle, physique et traumatisme lié à l’évènement. Autant envisager de s’en remettre, plutôt que de vouloir se faire encore plus de mal…

Chirurgicalement, l’IVG peut être pratiquée sous anesthésie locale ou générale. Je crains, pour ma part, que l’anesthésie locale me retourne et ne me choque (les bruits, les paroles, etc…). Je pense donc me « rabattre » sur l’anesthésie générale. Pratiquée sur Paris, à Robert Debré ou l’Hospital Montsouris. Le premier me propose un premier rendez vous 15 jours plus tard, le second, une semaine après « seulement ».

Entre temps, j’ai obligation de passer une écho de datation car la seule prise de sang ne suffit pas. Il est bien entendu que l’écho sera faite hors de ma vue et que les résultats seront rendus sous enveloppe fermée.

Rendez vous est pris pour le lundi suivant.

Le lendemain, je vais finalement voir le médecin généraliste qui m’a été conseillé. Juste pour discuter. Lorsque j’explique ma situation, et les raisons de cette IVG, il me répond avec un flegme déroutant, que je me pose beaucoup trop de question et qu’il ne faut pas penser à l’avenir dans 10 ans mais bien au présent. Je ne m’attendais pas à une telle réponse et sa démarche me braque. Non que je veuille absolument défendre mon point de vue mais il me semble abérant de conseiller à quelqu’un de faire un enfant, sans penser à son avenir.
Oui, quand il aura 15 ans et qu’il voudra sortir comme ses copains ou partir en colonie, la question de l’argent se posera.
Oui, il pourrait faire des études « gratuites » mais il faudra peut être lui payer une école de commerce ou une école privée payante.
Oui, il pourrait faire ses études à la maison mais s’il est comme moi, reçu dans une école à 300 km de chez lui, il faudra lui payer un logement et une voiture. On entend trop souvent parler des étudiants qui vivent sous le seuil de pauvreté, des logements étudiants misérables et j’ai vu mes copains galérer sans ressource, ou obligés d’avoir un petit job pour financer leur étude. Est ce que c’est vraiment ca, l’avenir que je veux leur donner?

Au cours de cet entretien, il en vient même à me dire qu’il a vu, il y a très longtemps, des femmes mourir d’un IVG raté parce qu’elles avaient dépassé le délai opportun. Qu’importe le sujet et la distance, il y a des choses qu’on ne doit pas dire à une femme qui réfléchit à l’IVG, sinon dans l’intention pure de lui en faire passer l’envie. Il me conseille également d’aller en parler à une psychologue d’un centre spécialisé dans la maternité. Je crains que sa démarche ne soit biaisée. J’accepte tout en sachant que je n’irai pas. Je sais tout au fond de moi que cette décision ne peut être que la mienne, la nôtre et que personne ne peut la prendre à notre place.

Plus mes réflexions progressent, plus ma conviction se forge que choisir de ne pas avoir cet enfant, engendrera une forte pression, une obligation de ne pas laisser le temps passer. Cet évènement, cette épreuve, vaut probablement un bon coup de pied au cul pour me reprendre en main, pour passer vraiment du temps avec mes enfants, pour organiser des sorties et des activités, pour redonner du temps à mon couple, pour me trouver des activités à moi, rien qu’à moi, pour faire des choses qu’on n’a jamais le temps de faire quand on est une maman….

Patience, suite et fin, demain…

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1 commentaire untill now

  1. [...] Et pour clore cette  longue  série  d’articles… [...]

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