La gestation pour autrui est interdite en France. Je le sais et pourtant, j’y ai déjà réfléchi. Sérieusement.
Lorsque ma Soeurette a fait plusieurs fausse-couches de suite, laissant craindre que son corps refuse la grossesse, l’idée m’a traversée. Parce que j’avais déjà Grand Bonhomme et que j’ai appréhendé, sans l’avoir vécu, qu’attendre un enfant qui ne vient pas peut être usant. Mieux que ca, j’ai élaboré des plans.
Le problème majeur de la gestation pour autrui est, selon moi, la légalisation de la filiation. Parce qu’il suffit au père de reconnaitre l’enfant en mairie pour en devenir le père. La mère, elle, doit accoucher. Mais ce n’est pas pour autant qu’on lui demande ses papiers d’identité. Vrai, non?
Jamais, à aucun moment, du début de la grossesse à l’accouchement, on ne m’a demandé ma carte d’identité. Pour la déclaration de grossesse, je suis allée voir mon gynéco, j’ai dit « je suis enceinte, je m’appelle Nashii Maman, date de naissance, adresse, numéro de sécurité sociale… » et hop, c’est fait. J’aurais bien pu dire que je m’appelle Monique Lajoie, c’était tout pareil, l’important, c’est la cohérence des informations envoyées à la sécurité sociale, la CAF et tous les autres. Auquel cas, j’aurais bien pu prendre toutes les informations de n’importe qui, ca marchait pareil.
Le suivi de la grossesse et l’accouchement, c’est la même chose : un nom, un numéro de sécu. Et on repart avec une attestation : « Mme Nashii Maman a accouchée à x semaines de grossesse d’un enfant de sexe bleu ou rose, etc… ».
En y réfléchissant, ca parait très facile.
Et j’ai pensé que porter un petit être avec lequel j’aurais un lien de sang et avec lequel je garderais un contact affectif me semblait du domaine du réalisable. Il va s’en dire qu’après 3 grossesses, je ne serais peut être pas aussi enjouée à l’idée d’en faire une quatrième. Cependant, j’ai vécu des grossesses plutôt « faciles », hormis la toxo et quelques autres détails car je n’ai jamais été vraiment malade, jamais en danger, je pense qu’un grossesse de plus serait envisageable…
Alors oui, bien que la loi ne soit pas de mon coté, je me suis imaginée porter l’enfant d’une autre, mais pas n’importe laquelle, juste ma soeur. Parce que je crois que j’étais prête à prendre ce risque pour faire un beau cadeau à ma Soeurette, ma moitié de Sang, mon Autre génétique.
Et vous, la gestation pour autrui, ca vous parle?
Je ne crois pas que je pourrais (bon, la question ne se pose plus pour moi) …. parce que pour moi, être enceinte, ce n’est pas seulement « porter », c’est déjà créer des liens, une histoire qui se prolonge tout au long de la vie … Difficile à expliquer …
Il me semble que la dimension législative n’est effectivement pas ce qu’il y a de plus compliqué à combattre. A mon avis, c’est le lien affectif qui doit être le plus compliqué à gérer. Comment considérer comme son neveu son propre enfant ? Comment ne pas être tentée de prendre part aux décisions le concernant ? Comment laisser l’autre prendre entièrement son rôle de mère ? Et comment cette dernière vivra-t-elle ce rôle sachant que c’est enfant serait celui de sa soeur ? Ca me semble drôlement compliqué à gérer psychologiquement… Et, comme Béatrice, impossible à envisager pour moi, je crois.
« Comment considérer son propre enfant comme son neveu ? », je voulais dire (lapsus révélateur de ma pensée profonde, je suppose)…
@Suzie : je suis d’accord avec toi que la situation serait (conditionnel !) complexe mais je crois que j’aurais pu l’envisager. Plus facilement également car, justement, c’est ma soeur et que je sais que cette enfant serait toujours en lien avec moi… Mais tout cela n’est finalement que supposition !