Jeudi dernier, alors même car la conclusion de mon roman n’était pas connu, Esperance commentait le billet “Père Noyel” par ceci :
“et bien tout cet étalage de jouets pourri gaté!!!!
j’espère que ce n’est pas pour le matériel qu’un ou une troisième a sauté.
bon courage”.
Spontanément, j’ai eu envie de répondre par un petit mot. Mais comme le reste des commentaires n’était pas ouvert et que, au font, la remarque portait (à mon avis) sur l’IVG et non sur les cadeaux, j’ai crains d’ouvrir la porte à une série d’échanges innapropriés.
Aujourd’hui, j’ai envie de répondre, mais pas juste avec un commentaire. Non, avec un vrai billet complet car finalement, la remarque d’Espérance, beaucoup d’autres doivent l’avoir en tête.
Comment l’ai je interprétée? Comme l’ai je traduit?
Qu’au vu des cadeaux que reçoivent mes enfants, et pour les plus fidèles du blog, au vu des vacances, des sorties ou des achats, il était dommage / désolant / affligeant / culpabilisant / nul (compléter à votre bon coeur), d’avoir envisagé / subi / programmé une IVG.
Cette remarque, très spontanée, et probablement très sincère, je la comprends. Car je suis persuadée que dans le regard de beaucoup, une IVG ne peut être que la conséquence d’une situation personnelle difficile, d’une situation matérielle dramatique.
Et pourtant…
D’abord, la question financière a été mise sur le tapis et débattue comme il se doit, croyez moi ! La conclusion est que, si l’on compte la chambre en plus, la nourriture, les vêtements, les sorties, les sports, les vacances, les fournitures scolaires pendant environ minimum 20 ans, les études, l’éventuelle voiture, le permis peut être… on arrive à une somme très très conséquente. Et pour être tout à fait honnête, je crois que revendre tous les jouets qui lui ont été offerts pendant les 10 premières années de sa vie, n’y suffira pas… non vraiment.
Alors évidemment, on peut argumenter du faire qu’il faut revoir ses prétentions à la baisse et se contenter de limiter les sorties, récupérer les vêtements, se faire offrir des fringues plutôt que des vélos. Oui, mais est ce qu’on a vraiment envie de “se contenter de”.. dans la vie? Hein?
Est ce que j’ai envie de dire à mes enfants que Papa Noel a apporté un blouson plutôt qu’un circuit de voiture parce qu’il savait que sinon “tu aurais froid cette hiver”. Franchement, mon enfance a été heureuse mais nous étions loin, très loin de rouler sur l’or. Dès lors, recycler les pulls de ma soeur, ainsi que les pantalons, qui finissaient toujours trop courts aux bras et aux jambes, ne jamais partir au ski, ne jamais aller au restaurant, ramasser les pommes de terre et bien d’autres encore… ont fini par peser quelque peu sur ma conception de la vie, de l’argent et du confort. Fin de la parenthèse.
Donc, je considère qu’offrir tout et plus à ses enfants est un droit si on en a les moyens, et même un choix si on parle d’IVG dans ce contexte.
Et même si les 100 000 euros que je ne mets pas “dans cet enfant”, je les mets dans un appartement qui m’assure un rente locative pour arrêter enfin de travailler et m’occuper mieux de mes 2 ainés ou améliorer ma retraite et me permettre de ne pas finir à la rue, c’est aussi mon choix.
J’ajouterai également que l’on ne peut donner que ce qu’on a et que, diviser par 2, par 3 ou par 4 ne donne pas le même résultat. Si aujourd’hui, j’ai la possibilité de donner une chambre indépendante à P’tit(e) Der (moyennant travaux), c’est aussi et surtout, parce que Monsieur, fils unique, a reçu un petit pactole de ses adorables parents. Il est certain que cette même somme, partagée en 2 ou 3, ne nous aurait même pas offert un balcon…
Ensuite, élargissons le débat, ou plutôt recentrons le débat : “Est ce que ne pas avoir de premier / deuxième / troisième / xième enfant pour des raisons purement, bêtement et égoïsement matérielles est grave ? Ce que je veux dire par là, c’est qu’il y a pleins de parents de part le monde qui se contente d’un rejeton, voir aucun pour ne pas subir de contrainte, ne pas se priver, sortir et dépenser sans restriction. Est ce qu’on doit leur jeter la pierre? Y’a t’il un nombre d’enfant minimum dû à la société pour qu’elle nous accorde le droit de faire à notre guise. Vraiment?
Ce que je comprends de ce raisonnement, c’est que l’image de la bonne famille doit être 1 parent au moins en activité, avec 2 ou 3 enfants. Plus, c’est s’entendre dire : “Regardez tout ce qu’ils nous coûtent en alloc”, moins (et j’exclue toutes les difficultés de procréation bien entendu), c’est dire : “Je ne participe pas au renouvellement de la société, je profite et je t’emmerde !
Parce que la vraie question finalement, est : Est ce que “ne pas vouloir ou ne pas faire d’enfant”, c’est la même chose que “choisir de ne pas avoir CET enfant”? L’IGV est il plus barbare, plus inconcevable, plus inacceptable, que de se faire poser un stérilet, qui, je vous le rappelle, n’empêche nullement la conception mais empêche la nidation, ce qui correspond à un avortement très précoce. Tiens, vous y aviez pensé?
(Edit : http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=549.)
Beaucoup de pensées se heurtent dans ma tête, quant au jugement d’autrui (L’enfer, c’est les autres, non?), à la place de l’IVG ou de la contraception dans la société, au conséquence de ses actes et de ses choix…
Mais bref, je savais que ce genre de remarque viendrait. Notre société moderne voit toujours ( 35 ans après la législation) l’IVG pour ce qu’elle a de meurtrier et même s’il s’agit d’un acte médical et psychologiquement lourd, qui ne remplace nullement une contraception je le sais, elle reste du droit de chacun à faire de sa vie ce qu’il souhaite. Le regard des autres est lourd de culpabilité et c’est pourquoi, s’il avait fallu le faire, je n’en aurais parlé à aucun proche (sauf à ma mère) pour ne pas passer pour une barbare inconsciente. D’autant plus que cette solution avait pour intention que m’assurer stabilité affective, oui, mais également, et je ne m’en cache pas, confort matériel. Egoïste, va !
I.V.G